samedi 9 mai 2009

« La Parole en archipel »



« … Nous ne pouvons vivre que dans l’entrouvert, exac-
tement sur la ligne hermétique de partage de l’ombre et
de la lumière.
Mais nous sommes irrésistiblement jetés
en avant.

Toute notre personne prête aide et vertige à
cette poussée.

La poésie est à la fois parole et provocation silencieuse,
désespérée de notre être-exigeant pour la venue d’une
réalité qui sera sans concurrente. Imputrescible celle-là.
Impérissable, non ; car elle court les dangers de tous.
Mais la seule qui visiblement triomphe de la mort maté-
rielle. Telle est la Beauté, la Beauté hauturière, apparue
dès les premiers temps de notre cœur, tantôt dérisoire-
ment conscient, tantôt lumineusement averti.

Ce qui gonfle ma sympathie, ce que j’aime, me cause
bientôt presque autant de souffrance que ce dont je me
détourne, en résistant, dans le mystère de mon cœur :
apprêts voilés d’une larme.

La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la
poésie qui la dessine. Et toujours entre notre cœur éclaté
et la cascade apparue.

Pour l’aurore, la disgrâce c’est le jour qui va venir ;
pour le crépuscule c’est la nuit qui engloutit. Il se trouva
jadis des gens d’aurore. A cette heure de tombée, peut-
être, nous voici. Mais pourquoi huppés comme des
alouettes ?... ».



Extrait de la Parole en archipel

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