mardi 19 mai 2009

Gestécrit


L’exposition Gestécrit que je consacre à René CHAR à l’Hôtel Campredon de l’ISLE-SUR-LA-SORGUE se veut une correspondance, une transmission, hors temps, entre « alliés substantiels » qui se retrouvent sur des valeurs et des terrains communs à partager.
En premier lieu, accompagner cette « clarté qui ose », qui, de toile en toile sera le thème majeur de l’exposition. Entre clair et obscur, ouvrir les champs sensoriels en écho à sa phrase « nous ne pouvons vivre que dans l’entr’ouvert exactement sur la ligne hermétique de partage entre l’ombre et la lumière. Mais nous sommes irrésistiblement jetés en avant.

Toute notre personne aide et vertige à cette poussée ». Ce rapport double, écrit/trait, créé des liens, des passerelles utiles au sens, à l’ancrage et au maintien d’un regard mobile sur les deux créations. Le concept de l’exposition s’exprime ici, par la traversée de lieux-dits, de ces langages croisés, d’une mise en espace de la poésie de René CHAR, et de la mesure de nos champs de sens et de conscience réciproques.

L’essentiel sera de trouver des circulations entre les textes des poèmes et la peinture hors de l’intime du livre, pour entraîner la pensée à un plaisir inattendu, vers une troisième lecture qui n’appartient qu’au regardeur. De solidarités « blanches et noires » à la couleur Sud (travaux d’APT) et de TOULON. Les toiles noires et blanches, traits/extraits par leurs rythmes et contrastes condenseront par les formes, les événements de l’Histoire de l’Europe du 20ème siècle ressentis par le prisme de l’individu. « De l’énergie disloquante » au fragment, jusqu’à la recherche d’une nouvelle unité. Collages : positions (mots-matières).

Par son combat de résistant, contre la barbarie, le poète de l’agir et du dire, présent, debout dans l’Histoire, se trouve être en écho à l’enfant que j’étais, pris dans la tourmente de ma famille éclatée victime du régime nazi, si meurtrier. Le combat de René CHAR pour la Liberté aux prises avec l’intolérance totalitaire reste très contemporaine, du Cambodge au Rwanda, en ex-Yougoslavie, au Darfour, jusqu’aux extrémistes actuels. Un seuil d’inhumanité se franchit à nouveau devant nous.
Proposer l’échange en « traces éclairantes » qui de vécus, en sensations, évoquent, assument la gravité du créer. Les deux langages mis en relation devraient se compléter, s’ouvrir à de nouvelles lectures par des interactions de sensibilités. C’est le but de cette marche intérieure, élargir notre conscience entre mémoire et présent, où la création est signe de présence au monde. « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir ». Cette phrase de René CHAR s’avère être en miroir aux sons, aux pulsions même de la peinture. Parallèlement, le désir de liberté « son souffle »s’impose toujours dans ces doubles paroles entre actes poétiques et actes plastiques.
L’exposition Gestécrit se veut une transmission d’élans libres, une vision de l’existence entrevue dans « l’éclair qui dure ». Elle est ouverte au champ de conscience et de passion d’Etre, où l’Homme se cherche encore, entre impératif sauvage et civilisation...


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